par

18 septembre 2010

Eh ben voilà. Suis-je de retour ? Ou est-ce que je dois rester entre deux états, entre deux vies, entre deux parties de moi qui s’opposent, se complètent, se sont nécessaires et me manquent toutes les deux ? Je reprends ce blog en main – ou du moins, je posterai, une fois de temps en temps.

Soyons honnêtes – je suis écoeurée. J’écris ce post alors que j’ai la tête qui tourne, j’ai l’impression de m’enfoncer dans du coton, à cause des comprimés surdosés de paracétamol (pas plus d’un par prise, pas plus de trois par jour) qu’ils m’ont filé pour quand j’aurais mal. J’en ai utilisé deux, pour l’instant. Un samedi dernier, un aujourd’hui. La question étant, pourquoi aujourd’hui ? Je suis rentrée dans ma chambre à neuf heures et quart, et paf, j’avais mal. Vraiment mal.

Bon, quand même, il y a un bon point à tout cela. C’est vrai quoi… double déchirure du muscle avec arrachement cartilagineux, tout de suite, ça en impose. Et dire que les autres m’accusaient de faire du cinéma… oui, j’en fais, du cinéma – je dis que je n’ai pas mal, alors que ma jambe m’élance.

Je suis donc partie pour six semaines sans patiner. ENCORE six semaines, en fait. Parce que ça en fait déjà cinq.

Tiens, je change de sujet. Pif, paf, du coq à l’âne et sans passer par le rhinocéros. Je voulais juste dire que je suis en train de lire Emile ou de l’Education, de Jean-Jacques Rousseau. Motivée, la LeX, non ? Si, si… j’vous assure que c’est pas facile à lire. Et pourtant, ça m’intéresse, et ce n’est pas si dur que ça de trouver de quoi me convaincre que lire ce petit pavé peut m’être, à défaut d’utile, au moins agréable. Par exemple, page 11o, je lis : “Il est dans la nature de l’homme d’endurer patiemment la nécessité des choses, mais non la mauvaise volonté d’autrui”. Et c’est là qu’on retrouve mon rhinocéros, à mi-chemin entre Rousseau et ma jambe dans une dimension à la fois Spatiale (un petit millier de kilomètres ?) et Temporelle (disons trois siècles, environ, parce que 1759-2o1o, ça fait à peu près 250 ans si le médicament ne m’a pas trop assommée), mais aussi Philosophique, mais là c’est un peu plus compliqué à calculer. Je disais donc que bon, être écoeurée à cause de cette jambe, oui, d’accord, c’est acceptable. Mais ne pas savoir si je rentre ou pas chez moi pendant qu’on me pose la question pendant quatre jours… Quatre jours à ne pas savoir si je dois dire au revoir aux externes, parce que je pars peut-être lundi matin, ou si je dois éviter le mélodrame qui n’aboutit pas parce qu’en fait je reste, et que du coup, je n’ai dit au revoir à personne… Ca devient vraiment trop. Il faudrait quand même songer à ne pas trop, trop, abuser, quoi. M’enfin. J’imagine que si je recommence à critiquer le fait que personne n’ait, ne serait-ce que SONGE, à me demander mon avis sur la question, je vais passer une nouvelle fois pour une ado en pleine crise d’adolescence qui ne cherche qu’à protester contre l’injustice bien ressentie mais pourtant tout à fait imaginaire de sa condition. (Là, je relis ma phrase, et j’ai un peu de mal à me comprendre.)

Je vais donc passer à quelque chose de plus joyeux, mais je ne vois pas vraiment ce que je pourrais vous dire… Ah si ! Le coup de la cantine d’hier midi ! Bon, c’est un humour assez… particulier… mais assumons.

Nous étions six à table : moyenne d’âge 17 ans, variant entre 16 et 18 ans, table de six, six plateaux et aucun espace libre. Parmi nous, il y avait Gaël, à ma droite, et Benjamin en face de lui, qui mangeaient leurs pâtes avec une fourchette (si, si, c’est très utile pour la suite de l’histoire). Les autres, c’étaient Charles, en face de moi, et Antoine en diagonale de moi, les maîtres des idées de génie *tousse tousse* (bon après, sans vouloir être raciste, ça reste un catalan et un roux, hein!). Et enfin Théo à ma gauche. Tous les quatres étions entre deux bouchées lorsque l’élément déclencheur a provoqué la crise.

Quand nous n’avons plus d’eau dans la carafe, un phénomène socio-scientifique bien établi veut que quelqu’un se relève pour la remplir à nouveau. Or ce phénomène peut toujours mal être interprété ; nous avons donc établi un système de mérite physique pour déterminer à qui reviendrait la tâche de se lever et de traverser la cantine, arborant un air humble et blessé de celui qui a été élu par ses camarades pour une triste mission humiliante et désagréable. Ce système est très simple, et a été mis au point par Charles et Antoine (étonnant, n’est-ce pas…) : il faut mettre ses deux mains en triangle au-dessus de sa tête, et décréter, avec autorité et d’une voix ferme : “Chapeau”. Théo n’ayant qu’un bras valide pour la semaine à venir, il était exempt de toute sélection. Nous étions donc cinq personnes en état d’aller remplir la carafe. Et soudain… Charles, juste après avoir exprimé le simple et légitime désir de se resservir un verre, s’aperçut qu’il en restait plus d’eau ! Horreur !

Antoine, Charles et moi fûmes les premiers à réagir, et fîmes le mouvement au même instant ; cela me paraît normal, puisque Benjamin et Gaël, je le répète pour ceux qui ont survolé le début du texte, avaient leur fourchette à la main et voyaient donc leur vitesse de réaction et de mouvement fortement réduite en conséquence. Théo nous observait, un sourire narquois au visage – voilà ce qu’apporte l’immunité. D’ailleurs, comme le dit si bien notre cher Rousseau (on y revient), “qu’y a-t-il de plus choquant, de plus contraire à l’ordre, que de voir un enfant impérieux et mutin commander à tout ce qui l’entoure et prendre impudemment le ton de maître avec ceux qui n’ont qu’à l’abandonner pour le faire périr ?” Eh oui… Théo, comme nous, avait envie d’un nouveau verre d’eau. Et voyant comme il nous observait, moqueur et sarcastique, nous voyant nous entre-déchirer (non, je n’exagère pas : le mouvement d’Antoine fut si rapide qu’il frappa la main de Charles dans un claquement sonore), j’eus envie de lui ravir son verre. Mais étant douce et adorable par nature, je n’en fis rien, et me contentai d’affirmer, comme mes deux rivaux principaux, “Chapeau”, ce qui me permit d’observer le splendide spectacle que nous offrirent Benjamin et Gaël. Pressés par le temps, sans pouvoir non plus jeter leur fourchette sur le plateau, savoir-vivre oblige, ils inventèrent deux nouveaux mouvements de protection. Gaël fut le premier à réagir : il porta une main à son front pour former une visière de ses doigts collés et souffla, sûr de lui : “Casquette”. A peine avons-nous eu le temps de nous extasier sur cette merveilleuse variante des temps d’urgence que Benjamin, d’un mouvement expert de ses deux doigts, rabattit sa capuche sur son visage et s’écria : “Burqa !” Le pion nous lança un regard stupéfait. Nous étions ébahis par cette urgence qui avait poussé nos deux cadets à trouver des alternatives monodextres de notre signe de protection, et avons décidé communément que pour leur inventivité, ils seraient exempts de toute corvée.

Voilà, je crois bien que l’histoire est terminée. Ah non.. Peut-être voulez-vous savoir qui, finalement, est allé remplir la carafe ? Eh bien, c’est la seule représentante du sexe féminin, le genre qui fut créé en second, qui fut imaginé pour servir et magnifier la suprématie de l’homme fort et viril (c’est l’argument qu’ils utilisèrent pour l’y contraindre), qui s’y est collée. Ouais, moi. Mais je préfèrerais qu’on évite de parler de ce passage !

A bientôt,

Votre ‘LeX. ♥

❤️

Commentaire / Comment

Commenter

  • Contenu par Etiquette