Cet article est un résumé avec parti pris de l’article Elitist Language de Peter Gelderloos, disponible sur la Bibliothèque Anarchiste.
Le langage académique est relativement bien maîtrisé par les militant·es des classes moyennes, mais peut facilement rebuter des personnes qui n’ont pas fait d’études supérieures. Faut-il alors abandonner le langage académique, trop élitiste ?
D’après Peter Gelderloos, auteur de l’article que je partage maintenant dans cette forme résumée et traduite, il faut reconnaître que la langue est un outil de contrôle de la population dans notre société. Il y a une tendance à faire des phrases plus courtes, à utiliser des mots plus simples, et plus généralement à créer des contenus de plus en plus courts, adaptés à une capacité d’attention plus faible. Cette tendance sert directement à priver les personnes les moins instruites de la liberté de s’instruire et de s’exprimer.
Et comment peut-on expliquer des idées complexes et peu connues avec un langage très simple, dans des contenus courts et faciles à comprendre ? Pour Gelderloos, notre devoir en tant que militant·es de la classe moyenne est d’utiliser nos compétences linguistiques pour rendre le langage le plus accessible possible, au lieu de nous dire que le langage militant est trop complexe pour être compris par la majorité.
Le problème, c’est que ça se transforme vite en condescendance. Souvent, les activistes qui quittent leur bulle instruite et déjà convaincue tendent à partir du principe que leur audience, si celle-ci est pauvre ou racisée, n’est pas instruite. Ils et elles utilisent donc un langage simple : ça peut être constructif, mais ça peut aussi et surtout être insultant de voir que notre interlocuteur·ice s’exprimer dans un langage qui n’est pas le sien.
Plus problématique encore : les activistes instruit·es tendant à glorifier le « langage simple » au lieu de faire un effort d’éducation pour toutes et tous. En évitant le langage académique, en évitant l’analyse poussée dès qu’ils et elles sortent de leur cercle privilégié, les personnalités militantes éduquées tendent à créer une relation de dépendance dont les personnes les moins instruites ne pourront pas sortir.
Il faudrait donc travailler à l’éducation populaire pour permettre à tout le monde de comprendre le langage académique du militantisme, plutôt que de continuer à mépriser les classes populaires en simplifiant nos propos à outrance.