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The Guilty Feminist

Read The Guilty Feminist by Deborah Frances-White ( )

Voici mes notes de lecture sur l’ouvrage The Guilty Feminist.

Considérations générales sur le féminisme

Le féminisme a souvent pour problème qu’au lieu de vouloir construire quelque chose, il se place en opposition à la société actuelle, sans forcément proposer mieux. On le voit souvent comme « la haine des hommes », parce que se battre pour un changement, c’est bien plus agressif que se battre pour le statu quo. Les hommes sont les seules personnes à pouvoir changer le fait que les femmes ont une peur valide de la violence masculine. Mais ils subissent une pression forte en raison de la patriarchie : c’est notre devoir de les aider à changer les attitudes dans leur ensemble. Il nous revient donc de combattre le patriarcat sans s’aliéner les personnes qui vont changer (fini les « men are trash » !). Nous nous battons contre des hommes dangereux, mais nous nous battons aussi, et surtout, pour que les hommes soient valorisés par la société sans avoir besoin d’être dangereux.

Si quelqu’un fait un faux pas ou dit quelque chose qui ne va pas, ça ne sert à rien d’aller l’agresser. Parlons ouvertement, dans des espaces sécurisés, de ce qui passe et de ce qui est inacceptable ; mais supposons toujours une bonne intention de la personne qui essaie de montrer sa volonté de s’améliorer. La colère, les insultes, le mépris peuvent mettre à terre le travail de personnes qui ont dépensé énormément d’empathie, de temps et de force à changer les choses tout doucement. Nous n’avons pas à subir une injonction de pédagogie, mais ne gâchons pas le travail des personnes qui s’en chargent. De même, féliciter le travail des alliés, c’est une bonne chose : les hommes sont toujours récompensés juste parce qu’ils existent, dans la société patriarcale. Ne pas les récompenser, c’est les punir. Pourquoi voudraient-ils s’intégrer à un projet qui les punit ?

Enfin, si nous avons les moyens de nous exprimer en public (nous savons et pouvons nous servir des nouvelles technologies, des réseaux sociaux, par exemple), profitons-en pour relayer la parole de personnes qui n’ont pas cette possibilité.

L’objectif : un écosystème fédéré de safe spaces

L’idée de Deborah Frances-White : Créer des petits écosystèmes où les femmes sont en sécurité, puis fédérer ces écosystèmes jusqu’à ce qu’ils deviennent assez larges pour qu’en théorie, on n’ait plus besoin de sortir de ces systèmes. Dans ces écosystèmes, il faudra sur-inclure les femmes racisées, les femmes queer, les femmes handicapées jusqu’à ce qu’elles se sentent à l’aise pour s’inclure elles-mêmes.

Dans les programmes de mentoring, il faudrait cesser d’accompagner des femmes « pour la diversité » mais s’adresser aux personnes les plus brillantes, dans des programmes où on nous dit que nous sommes les meilleur·es, avec 60% de personnes féminines ou non-binaires. La majorité sert à compenser l’écart qui existe aujourd’hui dans l’autre sens. Plus généralement, dans les initiatives, n’ayons pas peur d’un groupe 100 % féminin (et bien sûr pas 100 % de cis, blanches, het-passing).

Une autre idée : dans les programmes avec un public, bien le mettre en avant. Avoir une femme porteuse de hijab dans le groupe, qui pose une question ou propose une réponse, permet de montrer à des publics qu’on s’adresse bien à eux !

Il faut bien préciser également que ces espaces ne sont pas TERF : le livre propose des formulations neutres comme « trans-inclusive women-only space », « women and non-binary », « cis women and trans people of all genders ».

Sur le self-care

On n’accepterait jamais de quelqu’un d’autre qu’il ou elle fasse des commentaires sur nous au niveau des commentaires que nous faisons sur nous-mêmes. Cessons de nous traiter plus mal que notre pire ennemi·e. Apprenons également à dire « non », sans nous excuser. En disant « oui », je change la façon dont ma vie va se dérouler. En disant « non », je change la façon dont les autres vont dérouler leur vie autour de moi.

Enfin, certaines choses méritent d’être expliquées, pas débattues. Sur certains sujets, on n’a pas à rechercher l’équilibre. Si une personne a un avis manifestement lamentable, personne n’a le devoir de débattre avec elle : on peut refuser d’être présent·e à un « débat » qui mettrait à égalité le point de vue raciste et le point de vue antiraciste, par exemple.

❤️

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