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Fascism: the decay of capitalism

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Quelques notes personnelles, en français, sur cette vidéo en anglais.

En bref : Le fascisme s’installe en temps d’instabilité économique et politique, et a une esthétique codée qui facilite le recrutement. Le fascisme est causé par le capitalisme (qui crée les crises) et mène à la guerre, qui équilibre les ressources et permet d’avoir un ennemi commun.

When fascism comes to America, it will be wrapped in a flag and carrying the cross.
Sinclair Lewis

 

Whoever is not prepared to talk about capitalism should also remain silent about fascism.
Max Horkeimer

Les causes du fascisme

Hitler avait provoqué l’incendie du Bundestag et dit que c’était à cause des communistes et des anarchistes. De la même façon, l’extrême-droite blâme les « woke » et les antifascistes pour des problèmes d’aujourd’hui.

Le fascisme s’installe en temps d’instabilité économique et politique, ce qu’on a bien retrouvé pendant le COVID-19 qui enchaîne après une longue politique d’austérité et de surproduction. John Bellamy Foster affirme que les conditions sont regroupées pour le fascisme quand il y a une rupture du paradigme : obstacles à la croissance des monopoles capitalistes, dislocation économique et sociale et mouvements militants en plein essor, par exemple.

Le fascisme au XXIe siècle

📚 Livre sur le sujet : Ray Ramses, The Rise of 21st century fascism

Pendant que Donald Trump se présente comme nationaliste et populiste, il sert matériellement les intérêts d’une classe riche internationale.

C’est là la différence principale entre les fascismes pré-seconde guerre mondiale et le fascisme d’aujourd’hui : les fascistes de l’époque étaient nationaux et nationalistes, aujourd’hui ils sont transnationaux tout en se présentant comme nationalistes.

L’esthétique du fascisme

Une esthétique de l’extrême-droite codée leur permet de recruter beaucoup plus facilement.

Walter Benjamin parle de l’évolution de l’art et de l’injection de l’esthétique dans la politique. L’art s’intègre dans une tradition culturelle : il est authentique, ne peut pas être copié, jusqu’à l’ère industrielle qui permet de le créer en masse comme une marchandise. Maintenant que tout le monde peut copier l’art, avec les avancées du film et de la photographie, l’art n’est plus un plaisir mais un outil politique.

Dans Le triomphe de la volonté, Leni Riefenstahl montre une vision idéalisée du peuple. Elle utilise l’esthétique pour toucher les pensées individuelles et les émotions, permettre aux gens d’exprimer leurs peurs et insécurités. De cette façon, l’art peut se dire neutre, tout en construisant une violence et une panique de masse. Les parades chorégraphiées, les uniformes Hugo Boss sont une fétichisation du sacrifice et de l’ordre. Aujourd’hui, Donald Trump se met en scène pour construire sa marque, se qualifiant de « president of law and order », veut renouveler l’esthétique classique des bâtiments publics, embauche des enfants pom-pom girls pour montrer l’identité américaine dans ses discours, etc.

Le racisme et la guerre

L’ur-fascisme est raciste. Le fascisme naît des ennemis internes et externes. Les ennemis de l’intérieur sont généralement des extensions de ceux de l’extérieur (ex. le racisme anti-asiatique pendant la crise du COVID alors que ces personnes n’ont rien à voir avec le virus en Chine). Viktor Orban propose d’enfermer les Roms dans des camps, alors qu’ils peuvent très bien être hongrois.

Les fascistes canalisent la haine et le narcissisme des gens en utilisant leurs peurs et leurs doutes pour créer un sentiment d’appartenance. Sigmund Freud a étudié ce qui transforme des individus en masses, suggérant que les individus sont moins rationnels et ont moins de tabous quand ils font partie d’un groupe. C’est exactement le but du fascisme : créer ces groupes où ils pourront exprimer leur ego et avoir un idéal d’un dirigeant fasciste, quoi qu’il fasse réellement.

Le résultat inévitable du fascisme, pour Walter Benjamin, c’est la guerre. Elle permet deux choses :

  • Équilibrer les ressources en compensant une crise de surproduction et d’instabilité économique
  • Avoir un ennemi commun sur lequel canaliser nos émotions

Pour Walter Benjamin, la violence devient un produit beau, artistique. On pense à la beauté des faits et on passe de la politique aux émotions, où on peut consommer le contenu au lieu de le discuter. (C’est le cas des films hollywoodiens de guerre ou du compte TikTok de l’armée israélienne par exemple : ce sont les Gentils, ils sont cool et esthétiques.)

Union des luttes

Si on veut combattre le fascisme efficacement, il nous faut une infrastructure de gauche solide et une vraie union des gauches, au-delà des questions qui nous divisent.

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