Candace Chen est une jeune Américaine d’origine chinoise discrète et introvertie. Elle habite à Manhattan dans un petit appartement et travaille pour Spectra, une entreprise d’édition qui fabrique des Bibles. Elle vit comme une vraie New-Yorkaise, dépensant le peu d’argent qui ne passe pas dans son loyer pour s’acheter des vêtements Uniqlo, des crèmes hydratantes Clinique ou boire des cafés chez Starbucks… Bientôt la fièvre de Shen, une épidémie venue de Chine, se répand à New York, puis dans tout le territoire américain. Cette maladie inconnue oblige les gens à répéter mécaniquement et à l’infini les gestes de leur quotidien — mettre la table, prendre un repas, essayer des vêtements… Devenus des zombies, ils meurent d’épuisement. Restée seule dans les bureaux désertés de Spectra, Candace voit New York se vider de ses habitants et se figer autour d’elle. Des palmiers se mettent à pousser sur Times Square déserté…
Ce livre m’a été recommandé dans un post de recommandations de dystopies sur Autostraddle, rien de bien spécial, mais les reviews m’ont fait sourire : tout le monde l’a lu après le début du COVID-19 et remarque à quel point ce roman d’anticipation vaguement horrifique est en fait atrocement réaliste.
Les Enfiévrés, c’est l’histoire d’une jeune femme qui travaille à New York et qui, disons-le clairement, a une vie de merde. Elle rompt avec son copain et se réfugie dans le travail, alors qu’autour d’elle une mystérieuse pandémie fait rage, dans laquelle les gens sont pris de fièvre et commencent à répéter infiniment des gestes du quotidien, ne faisant plus rien d’autre jusqu’à mourir de faim et de fatigue.
On dit aux gens de rester chez eux, de porter un masque, mais la vie continue. Il vaut mieux passer en télétravail, alors les gens font ça, mais Candace, notre héroïne, n’a rien d’autre pour passer le temps, alors elle continue à aller au bureau en se portant volontaire pour l’astreinte. On lui promet une promotion.
Sauf que rapidement, il n’y a plus personne pour la promouvoir, et il va bien falloir qu’elle en parte, de New York. D’autant plus qu’elle vient de découvrir qu’elle était enceinte, et qu’elle ne sait même pas s’il y a d’autres humains encore conscients.
Un roman fascinant et atroce, parce qu’on y retrouve un personnage qui se réfugie dans un quotidien totalement hors-sol, à défaut de quoi que ce soit auquel se rattacher.