Hier soir on discutait avec un copain de l’importance d’adhérer aux associations.
On a parlé de deux cas spécifiques, le syndicat et Wikimédia France (si ça vous étonne, vous tombez probablement sur mon blog pour la première fois). Je vous propose un résumé, qui devrait s’appliquer à toute asso qui fait du plaidoyer et de la communication.
Le syndicat
J’ai adhéré à la CGT parce que j’aimais bien leur caisse de grève pendant les grèves des cheminots du début de l’année 2020. C’était assez hasardeux : je n’avais vraiment aucun historique syndical et je découvrais les choses au fur et à mesure.
Pour moi, adhérer à un syndicat, ça a d’abord été soutenir les personnes qui en avaient besoin, du syndicat, pas du tout pour me soutenir moi. J’ai un poste extrêmement privilégié sur plusieurs aspects, et je n’ai pas vraiment eu de sujets à titre personnel qui auraient nécessité une aide de la part de mon syndicat. Dans mon entreprise, ça a toujours été très clair que les patrons nous fournissaient un confort de vie exceptionnel et qu’on n’allait pas en plus rentrer dans la confrontation pour en demander plus. On ne saurait même pas quoi demander !
J’ai intégré Solidaires deux ans plus tard, leur ligne participative me parlant un peu plus. Avec mon déménagement a Grenoble et mes difficultés au travail, je me suis retrouvé à rejoindre la réunion mensuelle de Solidaires Informatique 38. S’en sont suivies des longues discussions, quelques amitiés, et un soutien moral bien plus précieux qu’une quelconque aide juridique dans mon cas.
Pour moi, adhérer au syndicat a donc plusieurs intérêts :
- Une mutuelle au cas où quelque chose se passerait mal : c’est ce à quoi on pense souvent en premier, et quand on s’arrête à ça on peut vite penser « donc c’est pas très utile pour moi »
- Un organisme de formation : j’y ai suivi des formations au syndicalisme et j’y organise bientôt une formation à la sécurité informatique pour les gens des autres branches, il y a plein d’autres sujets, c’est gratuit et sur le temps de travail, c’est vraiment cool !
- Un club social où on peut parler de ce qui va et de ce qui ne va pas au boulot
- Une galette des rois de plus début janvier (important)
- Comme pour toute mutuelle : un soutien aux gens qui en ont besoin quand on n’en a pas soi-même besoin
Mon dernier argument, c’est qu’adhérer à un syndicat, même si on ne s’engage absolument pas en dehors de cette cotisation, c’est fournir au syndicat l’argument du nombre d’adhérents. C’est une information qui donne beaucoup de pouvoir aux syndicats dans les rapports de force collectifs, et c’est important d’y participer.
Chaque syndicat a sa ligne morale et ses spécificités et je vous encourage à trouver celui qui vous convient (mais je vous encourage aussi à en intégrer un rapidement quitte à en changer plus tard !). Personnellement, je suis chez Solidaires.
L’association qui fait du plaidoyer
Et justement : le nombre d’adhérents, c’est une mesure du pouvoir d’une association quand elle doit parler au gouvernement. Dans le cas d’un syndicat, la lutte est claire.
Dans le cas d’une association comme Wikimedia France, ça va beaucoup plus loin. On a quelques cas de lutte (contre certaines lois nocives pour l’Internet ouvert), mais on a surtout des coopérations, par exemple avec notre label Culture libre pour les institutions culturelles ou nos travaux avec le monde de l’enseignement.
Et encore une fois, pour tout ça, il faut être crédibles.
La crédibilité passe par de nombreux aspects. Je sais qu’on est très bons sur beaucoup d’entre eux et je ne m’attarderai pas dessus ! Mais en parallèle, je suis toujours un peu choqué de voir que les gens qui adhèrent à Wikimédia France sont en grande majorité les gens qui contribuent aux projets Wikimédia.
Pour moi, l’association représentant les projets auprès du gouvernement (et, indirectement, le gouvernement auprès des projets), tout le monde devrait avoir son mot à dire sur comment elle fonctionne.
Pour avoir son mot à dire, il suffit d’adhérer. Le vote de l’assemblée générale de Wikimedia France, c’est une élection comme toutes les autres. Et les gens qui peuvent voter sont ceux qui ont déboursé 12€ (ou 4€) pour leur adhésion.
Les gens qui ont intérêt à adhérer, ce sont :
- Les contributeurs en France aux projets Wikimédia, qui bénéficient de ressources financées par Wikimédia France, pour décider quelles ressources sont essentielles
- Les bibliothécaires, chercheurs, conservateurs de musées, tous les acteurs des mondes de la culture et de l’éducation : Wikimédia France s’engage pour la culture libre et sans ces acteurs culturels, il n’y a pas de contenu sur les projets
- Les professeurs : leurs élèves utilisent nos projets, ils utilisent nos projets (parfois a corps défendant !), on veut leur avis !
- Les gens qui s’intéressent à la culture libre et au libre partage de la connaissance en général
- Bien d’autres que j’oublie parce que je rédige cet article en vitesse
- Et tous les gens qui sont en France et qui consultent les projets Wikimédia : Wikipédia, Wikimedia Commons, Wikisource, le Wiktionnaire et d’autres.
Les personnes que je voudrais voir adhérer à Wikimédia France pour guider nos choix stratégiques et nous donner la force du nombre dans nos négociations, c’est en fait quasiment tout le monde qui vit en France (et quelques autres en prime).
Adhérer, ce n’est pas s’engager : c’est avoir son nom dans notre CRM et voter à l’assemblée générale une fois par an (et on peut même voter blanc). On peut être bénévole sans adhérer (mais c’est dommage), on peut adhérer sans être bénévole (et c’est normal).
En 2022, 318 personnes ont adhéré à Wikimédia France.
À mes yeux, ce n’est pas acceptable. Et j’espère qu’à la lecture de cet article vous comprenez mieux pourquoi, et que vous allez à votre tour adhérer 🙂
Tout ça pour dire…
Que ce matin, j’ai adhéré à WordPress France.