Une femme en combinaison grise et dossard blanc, avec un casque violet, descend à toute vitesse une piste de ski. Ses skis sont rouges et elle a l'air très compétente. Normal : c'est la championne Tessa Worley.

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Parité, sport de haut niveau, et Wikipédia

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Comme je suis en procédure de labellisation pour Sport de haut niveau, je suis allé voir par curiosité ce que j’en avais fait. Avec mon état d’esprit « habituel » que j’espère plutôt éclairé, mais sans efforts particuliers, j’étais à une soixantaine de pages d’hommes pour une quinzaine de femmes.

Un petit nettoyage et quelques rajouts m’ont permis d’équilibrer un peu le sujet avec 51 hommes et 22 femmes (dont une femme trans), ce qui me va mieux.

Le problème n’est pas nouveau : suivant les sujets, ça peut être très difficile de parler de femmes. Sur 364 Unes de L’Équipe en 2017, 355 représentaient des hommes et 4 représentaient des femmes, à savoir l’OL féminin deux fois, l’équipe de France de handball, et Tessa Worley), tandis que les femmes prenaient 4 % du temps d’antenne dédié au sport de 2018 à 2021. L’histoire du sport féminin à haut niveau est négligeable jusqu’à ce que l’URSS se rende compte en 1952 (p. 20 de cet ouvrage) qu’en investissant un minimum dedans, elle pouvait augmenter son nombre de médailles olympiques (il était temps). Les JO de 2024 sont la première édition avec autant de sportives que de sportifs, et du côté des entraîneurs, des cadres, des présidents de fédération ou encore des médecins d’équipe, la représentation est pathétique encore aujourd’hui.

Bref, quand on écrit sur l’histoire et les caractéristiques du sport de haut niveau, atteindre la parité, c’est mentir.

Et c’est un problème sur Wikipédia en général. Aujourd’hui, de nombreuses femmes devraient avoir une biographie et n’en ont pas, et c’est souvent par sexisme. Mais même avec tous nos efforts, je ne vois pas l’encyclopédie (dont 19,82 % de biographies sont sur des femmes en décembre 2023, notamment grâce aux sans pagEs) dépasser 30, peut-être 35 % de femmes avant quelques décennies encore.

Tant que l’histoire et les médias s’intéressent majoritairement aux hommes, on devra écrire majoritairement sur des hommes.

À partir de là, quelques pistes :

  • Bien choisir ses exemples : sans retirer les grands noms masculins historiques, il était finalement plutôt facile de remplacer quelques exemples masculins par des exemples féminins, surtout contemporains, pour passer à un tiers environ de figures féminines même sur un sujet très « masculin ».
  • Se poser systématiquement la question du biais des sources : j’avais bien pensé à parler du fait qu’il y a relativement peu de sportives de haut niveau, mais il a fallu qu’on me le fasse remarquer pour que je me rende compte qu’il manquait aussi une section sur leur sous-représentation médiatique.
  • Écrire sur les « sujets féminins » : finalement, je suis plutôt content de l’article, mais la page de la triade de la femme sportive reste rachitique. Et ça touche tous les sujets : l’article Napperon faisait moins de 1000 caractères jusqu’en octobre 2020 !
  • Et puis, quand même, bon : écrire les biographies des femmes qui n’en ont pas encore. J’ai beaucoup appris avec mon défi #UneParPays, et des femmes sportives, parlementaires, et des écrivaines, il en manque encore bien assez pour nous occuper le temps que les médias rattrapent le coup.

La photo qui illustre cet article représente Tessa Worley et a été prise par Stefan Brending et partagée sous licence Creative Commons CC-BY-SA-3.0 de.

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