Voici mes notes de lecture sur l’article d’alxd Solarpunk: lenses and foundations with Think That Through. N’hésitez pas à lire l’original si vous le pouvez : ceci est un résumé avec parti pris et n’inclut pas toutes les informations de l’original !
L’importance des hiéroglyphes solarpunk
Les hiéroglyphes sont des signes visuels ou narratifs qui rendent évident le genre auquel une œuvre appartient (par exemple : robots d’Isaac Asimov et fusées de Robert Hinlein = science-fiction). Le solarpunk étant un genre récent, il n’a pas encore ces marqueurs de genre. Il n’a donc pas la capacité de nous faire regarder le monde autour de nous et de le voir avec plus d’espoir.
Il faut absolument qu’on ait un accès facile et pléthorique à des œuvres culturelles solarpunk qui nous permettent de comprendre leur contexte. Ce sont ces œuvres de fiction qui nous permettront de comprendre des histoires réelles d’espoir et d’organisation grassroots comme ces hackers du Sierra Leone qui ont construit un système de paiement transparent et juste pour les professionnels de la santé en pleine crise d’Ebola. Parce que là, personne n’a parlé de cette histoire, parce que personne ne pouvait imaginer le monde auquel cette histoire appartient.
C’est pour ça que la culture solarpunk est si importante : ce n’est pas juste une invention d’artistes, mais c’est un système entier qui nous permettra de mieux comprendre le monde qui nous entoure et de reconnaître le mouvement dans ce qui existe réellement. Quand on demande à une intelligence artificielle de générer quelque chose de solarpunk, elle recycle (c’est tout ce qu’elle sait faire, c’est normal) le monde actuel et ses symboles, mais avec des plantes. On n’a pas de marqueurs « classiques » d’une meilleure communauté, d’une architecture durable. Ce n’est pas de la faute de l’IA si elle n’arrive pas à représenter le solarpunk : on n’a pas encore créé ce qui l’identifiera.
We will need a lot of prototypes, some of them naive, some of them counterproductive, but nonetheless worth working on so that we can try out what works and what doesn’t.
Pourquoi le solarpunk est cringe
Dans ce contexte, chaque histoire Solarpunk est un prototype qui n’a rien d’accidentel, qui vise à créer des hiéroglyphes, souvent maladroitement. Il faut créer quelque chose qui ne s’appuie pas sur le passé mais propose une nouveauté radicale, bien sûr qu’on ne sait pas par où commencer.
Quand on se dit que le genre artistique solarpunk est maladroit, il faut se souvenir que l’essentiel de ce qu’on lit aujourd’hui est édité, relu, et sélectionné par des gens dont le métier est de vérifier que le produit sera rentable.
Quand ils voient quelque chose qui sort du « voyage du héros », par exemple, ils ont d’assez fortes chances de ne pas comprendre et donc de ne pas publier. Quand on cherche à mettre une communauté en avant plutôt qu’une personne ça sera très dur. Les histoires qui se concentrent sur l’Amérique du Sud, l’Afrique ou l’Asie du Sud-Est sont si rares qu’elles semblent impossibles à appréhender. Il est bien plus facile de faire publier une histoire de poverty porn qu’une histoire de résilience et de construction d’un nouveau monde en Afrique.
L’utopie Solarpunk
Ursula Le Guin parlait déjà de notre tendance culturelle à ne pas croire les visions « de carte postale » sans problème visible.
Certains créateurs solarpunk divisent le genre en trois ères :
- Le pré-solarpunk : les idées et les hiéroglyphes commencent à peine à se développer (c’est aujourd’hui)
- Le Solarpunk, où les idées sont mainstream et influencent la civilisation
- Le post-solarpunk, où les idées ont gagné et l’utopie est devenue réalité
Il faut prendre en compte le changement climatique et faire de la climate fiction : on parle bien d’utopie, mais pour construire l’utopie, il faut comprendre qu’on ne va pas s’en sortir par magie. Il faudra des millions de petites luttes pour sauver une communauté locale, une culture, un écosystème. Pour écrire du solarpunk, il faut comprendre et accepter que nous allons tous souffrir − et avoir la profonde conviction qu’on va s’en sortir.
La vraie utopie du solarpunk, c’est que c’est un monde où tout le monde accepte de faire face aux problèmes qu’on rencontre et de discuter des solutions envisageables.
Les histoires de rébellion
Pour alxd, le solarpunk est l’œuvre la plus punk de toutes : elle rejette le monde d’entreprise comme le cyberpunk et les autres, mais elle rejette aussi l’image médiocre de la rébellion qui est propagée dans notre culture populaire.
Si une rébellion individuelle peut être gagnée, elle ne changera pas grand-chose à grande échelle ou sur le long terme : une personne seule ne change pas le système. Dans les histoires cyberpunk, les victimes des rebelles sont les riches et les puissants, mais aussi très souvent des passants innocents. Tout est fait pour qu’on internalise l’idée que la lutte est immorale par essence, que les anarchistes sont dangereux et vont nous faire du mal : ils sabotent, se battent, détruisent. Le cyberpunk glorifie les martyrs.
Le solarpunk veut construire des alternatives, pas raconter des luttes sans conclusion. Les héros, ce sont les bibliothécaires qui enseignent, qui partagent les connaissances, qui archivent les histoires et la culture de notre région avant qu’elle ne soit irrémédiablement affectée par les changements du monde.
N’oubliez pas que vous pouvez vous aussi soutenir l’émergence des histoires solarpunk. La collection de cinq nouvelles Solarpunk par Copie Gauche pourrait vous plaire, ainsi que Bâtir aussi par les Ateliers de l’antémonde !
Changelog:
- 2024-06-16: ajout de liens vers des histoires solarpunk en français à la fin de l’article
@alexture thank you for that translation! 🙂
If you want to spread Solarpunk in French, I think a few people around the tag were compiling a list of French-only stories and anthologies!
@alexture super interessant, merci, il faut que je trouve un moment pour lire l’original !