Je suis une femme, j’ai plus de cinquante ans, je suis écrivain et, malgré tous ces handicaps, je veux apprendre à coder. Je veux comprendre ce qui se passe sous les doigts des jeunes codeurs qui pianotent jour et nuit, font défiler sur leurs écrans noirs des lignes de signes multicolores, véloces, écrites dans notre alphabet mais que nous autres ne décodons pas. Ils sont là, à côté de nous, silencieux et puissants, et nous ne les voyons pas. Mes proches se moquent de moi, me rappellent que je panique au moindre bug et ils ont raison, alors que faire ? Par où commencer ? Python est bien le nom d’un langage de programmation mais c’est surtout ici une autofiction écrite comme un conte initiatique, mythologique, au cours duquel je croise Boris, Chloé, Margaux, Enzo, des jeunes gens qui codent et tentent de m’expliquer comment ils font.
Python ne m’a pas été recommandé directement : c’est Clément qui l’a mentionné quelque part, je crois, en disant à quel point il avait apprécié sa lecture. Je n’ai pas lu son avis détaillé, j’ai pris le livre sans le moindre indice sur ce qu’il contiendrait (je croyais, moi, à une histoire de jungle ou de sacs à main).
Python, c’est ce qu’il se passe quand quelqu’un qui ne comprend rien aux ordinateurs et qui a fait un peu trop de philosophie décide « d’apprendre le code » − pour se heurter à bien des obstacles, à commencer le fait que « le code », ça ne veut pas dire grand-chose.
Ayant moi-même essayé mille fois « d’apprendre le code », voire « d’apprendre Python » (avant d’enfin réussir à vaguement faire quelque chose en suivant le cours gratuit CS50 sur lequel je planche encore), je me régale de cette brillante aventure, avec ses clichés et ses incompréhensions et ses galères (et ses déboires amoureux un peu, non, très gênants).
Nathalie Azoulai prend une approche inverse de la mienne : là où je suis « technologically literate but mute » (capable de comprendre la technologie mais pas de m’exprimer avec), elle me semble être un exemple fascinant de l’ultra-rare « technologically illiterate but expressive ». Enfin, elle essaie. Et essayer, c’est déjà bien.