Cet article contient mes notes personnelles sur Age of the City. C’est un résumé de certains extraits seulement et avec mon parti pris. Il peut vous servir d’aperçu du livre et vous aider à décider si vous souhaitez le lire, ou vous montrer ce que j’ai retenu de l’ouvrage.
En 2015, le YouTubeur Andy George a décidé de se faire un sandwich en partant de rien. Ça lui a coûté $1500 et ça a mis six mois.
L’urbanisation et la re-centralisation
En 1780, Londres était 15× plus grosse que Bristol, la deuxième ville du Royaume-Uni, et de loin la ville la plus riche du pays ; idem pour Paris en France. L’industrialisation a fait baisser cette domination : l’argent et la population partaient dans des villes d’industrie plus variées. Dans les années 1980, c’est reparti dans l’autre sens avec quelques grosses villes qui ont repris la main sur l’économie nationale.
On voit trois mouvements qui ont mené à cette re-centralisation.
Désindustrialisation
Effet boule de neige
L’effet boule de neige où il vaut mieux, quand on est une entreprise, être basé près d’autres entreprises, pour profiter d’un pool de candidats uniques et d’un transfert de connaissances informel.
La création d’un emploi qualifié crée 1.6 emploi non qualifié dans le coin : les travailleurs qualifiés vont chez le coiffeur, au restaurant, font construire une maison, etc. Dans les zones type silicon valley, cet impact peut monter à 5 emplois pour un travailleur qualifié. Non seulement les qualifiés ont plus d’argent à dépenser, mais ils ont souvent peu de temps donc ils sont prêts à dépenser pour un service de ménage ou un repas en livraison.
Baisse de la mobilité
On reste près de son réseau social, de ses parents et enfants, et la transition vers les familles à deux salaires signifie que pour bouger il faut deux nouvelles offres d’emploi plutôt qu’une.
Historiquement, les gens moins qualifiés étaient prêts à bouger pour un poste d’ouvrier qualifié ailleurs. Le problème, c’est que quand on est dans des régions où tout le monde est peu qualifié, partir à l’université, c’est une quasi-garantie de ne pas revenir et de rester dans les endroits qui vont mieux payer.
Les mobilités comme le train aident avec cette mobilité, mais ne suffisent pas, comme on peut le voir en France : en fait, le TGV entre Lyon et Paris… a augmenté le nombre d’entreprises quittant Lyon pour Paris parce qu’on peut maintenant rentrer facilement chez soi à Lyon. Le train est donc efficace, à condition qu’il relie les villes régionales entre elles et pas seulement à la capitale.
Le retour au centre-ville
Les jeunes cadres riches s’installent à nouveau au centre-ville plutôt qu’en suburb pour plusieurs raisons :
- réduction de la pollution urbaine
- baisse de la criminalité en ville
La tolérance en ville a beaucoup augmenté pour deux grandes raisons :
- on s’échappe beaucoup plus facilement des normes sociales en ville, par exemple quand on est gay
- réseau de solidarité des immigrants
Du coup le style de vie était bien plus agréable en ville.
Les gens partaient du centre-ville de Londres à 34 ans en moyenne ; maintenant, c’est à 44 ans.
Si on veut que les villes soient bien pour tout le monde, en termes de service public, il faudra : des écoles, des logements, des transports en commun plus égalitaires.
Le problème c’est que le coût du logement monte très vite :
- low interest rates pendant longtemps, ce qui veut dire qu’on pouvait s’endetter beaucoup si on avait un bon apport, donc que les riches pouvaient acheter à un prix élevé et que ça montait les prix pour tout le monde
- de moins en moins de nouveaux logements. Il faut que les villes augmentent leur densité et arrêtent de s’étendre.
Le télétravail menace les villes
Puisqu’en télétravail, on ne s’attend plus à ce que j’aille au bureau, je peux vivre beaucoup plus loin de la ville. Pourtant, de nombreux cadres qui ont les moyens de partir dans les suburbs ont choisi de rester au centre-ville, avec sa variété culturelle et ses services variés et nombreux.
Si je n’ai besoin d’aller au bureau que quelques jours par semaine, ça change ma distance optimale du bureau, je peux me permettre un trajet plus long et plus cher parce que je paie mon logement moins cher. En tout cas c’est la théorie : en pratique, les prix ont augmenté en suburb pour répondre à la demande pendant les premiers mois de COVID-19, mais pas sur le long terme. Fin 2021, l’exode urbain était à peu près terminé et mi-2022 l’écart des prix était revenu à la normale.
Les quartiers de bureaux font ville fantôme, mais la vie sociale des villes a vite repris. Ceux qui sont partis en banlieue sont en fait le plus souvent des gens qui seraient partis quelques années plus tard maximum en raison de leur âge. La tendance n’a pas changé, elle s’est juste temporairement réalisée en avance.
Au début de la pandémie, beaucoup de gens voyaient un modèle standard futur d’un gros bureau central avec plein de petits bureaux satellites plus près d’où vivent les gens. Avec le temps, on s’est rendus compte que c’est plutôt un gros bureau central avec du télétravail chez soi. Les grosses entreprises ont commencé à s’acheter des bureaux en centre-ville plutôt que dans des zones d’activité comme avant.
Le télétravail permet aussi de ramener l’urbain dans la banlieue : les gens qui passent leur journée en banlieue, chez eux, vont vouloir y retrouver de restos, des salles de sport… qu’on trouve actuellement plutôt à côté des quartiers d’affaires. C’est la hipsturbia, de hipster & suburbia.
Il y a des alternatives à la ville : les destinations populaires sont celles avec un accès à la mer (Hawaï, Cornouailles) et à la nature.
Les villes, Internet, et le futur de la communauté
Avec le développement d’Internet, les sociétés se sont polarisées (c’est la cyberbalkanisation). La radicalisation par l’algorithme semble un peu faussée : on passe plus de temps à consommer du contenu de notre seul bord politique parce qu’on s’est radicalisés, pas l’inverse.
Pour les auteurs, la ville devient alors le meilleur (le seul ?) moyen de dépasser nos différences et de nous mélanger socialement. Mais pour y arriver, il faut qu’elle se réinvente.
La ville en dehors des pays riches
Beaucoup de pays pauvres sont hyper-urbains, contrairement à l’image d’accroissement de la richesse mélangé à l’exode rural dans les pays riches pendant leur industrialisation.
Les bidonvilles
De nombreuses personnes s’installent dans des bidonvilles temporairement. Certaines personnes parviennent à en sortir, mais beaucoup se retrouvent coincées là, à élever des enfants dedans, et la famille y sera coincée pour des générations parce que ces enfants sont mal éduqués et soignés. Certains pays ont donc mis une priorité sur la destruction des bidonvilles : par exemple, l’Égypte a déplace 850 000 personnes des bidonvilles dans des logements sociaux et veut éradiquer les bidonvilles d’ici 2030.
En fait, ça pose beaucoup de problèmes :
- les personnes relogées ont perdu leur communauté de soutien
- si elles n’arrivent pas à trouver un travail rapidement, les logements sociaux peuvent se transformer en ghettos de pauvres
Une approche alternative, menée par le péruvien Hernando de Soto, vise à améliorer les bidonvilles pour les transformer en logements classiques. Le constat est que les gens n’ont pas de motivation financière à améliorer leurs maisons parce qu’ils savent qu’ils peuvent se faire éjecter à tout moment : on leur donne donc la propriété de leurs terres. Les résultats ne sont cependant pas énormes.
Activités économiques des pays en développement
Historiquement, les pays pauvres de type BRICS+ ont gagné des richesses en fournissant de la main-d’œuvre à bas prix. Mais aujourd’hui, on automatise au lieu d’envoyer dans des pays moins chers, donc on ne sait pas comment les pays pauvres vont s’en sortir maintenant, surtout avec les pays riches qui veulent relocaliser leur production.
Certains pays s’en sortent avec le tourisme grâce à un bon climat ou des jolis paysages. Mais ces emplois sont souvent mal payés et peu qualifiés.
Une autre option est de fournir des services comme les call centers et l’administration délocalisée, mais ces activités sont de plus en plus automatisées.
Une dernière option est de transformer des villes en hubs du travail qualifié et de l’innovation, comme c’est le cas à Bangalore, qui a d’excellentes universités et est rapidement devenue un hotspot de l’informatique et de la recherche. De même pour le quartier Yaba à Lagos, surnommé Yabacon Valley.
Pour ça, il faut des gros investissements, des infrastructures haut de gamme et un excellent système d’éducation.
La migration
Il faudrait qu’on revoie le concept d’immigration et notre approche. Beaucoup de pays pauvres ont une croissance démographique rapide, alors que de nombreux pays riches (et quelques autres comme la Chine) voient leur population vieillir rapidement et leur population commence à baisser.
Les retraités dans les pays riches vont avoir besoin d’aide :
- avec les allocations, il faut le plus de travailleurs possibles
- sur les services spécialisés et difficiles à automatiser, comme les soins de santé et en maison de retraite
C’est l’occasion de faire venir beaucoup de gens, ce qui aiderait tout le monde.
La densité de logement
L’ONU pense qu’on va arriver à 10 milliards de personnes, avec de plus en plus d’urbanisation.
Pendant le COVID-19, des grandes villes ont piétonnisé des villes pour retrouver un sens de al communauté. Londres a installé des pistes cyclables, Sydney a remis des trams pour que les gens aient moins besoin de marcher, Paris observe les principes de la 15-minute city. C’est super, mais ça ne bénéficie qu’aux cadres qui vivent en centre-ville.
Les banlieusards pauvres sont de plus en plus loin et passent de plus en plus de temps dans les transports. Il faut absolument rendre les logements plus abordables et augmenter la densité de logements dans les centre-villes au lieu de s’étendre.
À Vienne, on a vu que rendre beaucoup plus de gens éligibles aux logements sociaux permet de les déstigmatiser et d’en faire des lieux de mixité sociale plutôt que de pauvreté concentrée.
Une solution utile est la décentralisation du pouvoir : plus un gouvernement est local, plus il comprend les problèmes et sait les régler. Le gouvernement centralisé ne devrait gérer que la redistribution des ressources entre les communautés locales et gérer les problèmes de doublons ou les sujets qui ne peuvent pas être réglés à l’échelle locale.
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[…] are said but stay on the superficial level; a good read nonetheless, not too US-centric. Mes notes de lecture en français sont ici. […]