En France, Saraï est une jeune immortelle assignée à résidence depuis toujours ou presque. Elle a été jugée pour avoir manifesté un pouvoir parapsychique interdit, un don qu’on lui a retiré avant de la marier de force et de la contraindre à ne jamais quitter sa maison.
En Italie, Giovanna est une mortelle qui vit en compagnie d’un vampire, et dont elle est la seule source de sang. Elle non plus n’a pas eu le choix : née dans une famille proche du Cercle, elle a dû se soumettre à leur autorité et quitter sa petite vie toute tracée.Jusqu’à ce jour de novembre 2014, quand une éclipse solaire se produit. Le phénomène réveille le don endormi de Saraï. Giovanna, quant à elle, est agressée dans sa propre maison par un immortel, qui lui donne de force la vie éternelle. Depuis, le Cercle les menace de mort, car il ne tolère pas les écarts de ce genre.
Grâce à son don, Saraï entend l’esprit d’une ancienne Reine immortelle, Elisabeta, dont l’âme est piégée à l’intérieur d’une poupée de porcelaine. Elisabeta a tout perdu : son pouvoir, son règne, son enfant et son amant. Réduite aujourd’hui à l’état de fantôme, elle accepte de venir en aide à Saraï qui veut se confronter au Cercle, quitte à le détruire.
Le récap annuel d’Ours Inculte mentionnait Rozenn Illiano et a attiré ma curiosité, j’ai donc fait l’acquisition d’Elisabeta, le premier résultat de ma recherche sur son nom.
N’ayant fait absolument aucune recherche sur le bouquin avant de le lire, l’ayant sur liseuse donc avec une couverture bof en noir et blanc et de pas de page de résumé, et le lisant dans un avion donc sans accès au résumé sur Internet, je n’avais aucune idée d’à quoi m’attendre, à part « un truc indépendant par une autrice qui est peut-être bretonne j’en sais rien je suis nul en noms bretons ».
Je vous épargne la confusion :
Elisabeta suit deux jeunes femmes, Saraï et Gabriela. L’une est vampire et assignée à résidence à Rennes à cause de son pouvoir spécial d’empathie. L’autre est humaine en Italie et compte bien le rester, que son compagnon immortel le veuille ou non. Et d’un coup, leurs destins se mêlent, alors qu’apparaît une reine prête à se venger − sauf qu’elle est coincée dans une poupée en céramique, parce que son mari l’a assassinée pour prendre le pouvoir il y a deux siècles, et que ça limite pas mal sa capacité d’action.
On se prend vite au jeu du scénario, avec ses complots et ses rebondissements plutôt classiques et toujours satisfaisants. On se prend aussi d’intérêt pour ses personnages secondaires amoraux et ses intrigues où personne ne peut être totalement du côté du Bien, parce que les dommages collatéraux ne sont jamais insignifiants. Ce scénario bien ficelé et les relations entre les personnages, construites avec attention, m’ont permis de pardonner le seul vrai point faible du roman : ses deux héroïnes m’ont trop souvent paru interchangeables. J’ai peur que ce soit un vrai défaut d’écriture, parce que la reine Elisabeta s’exprimait aussi de la même façon − mais comme le roman était excellent, j’en tenterai peut-être un autre de la même autrice pour voir si elle a su créer des personnages féminins plus singuliers dans d’autres œuvres.